
Notre quotidien à Don Phoung
Le chantier bat son plein et le rythme commence à bien s’installer. Nos journées suivent une routine assez implantée : réveil à 6h30 (toujours un défi pour certains), déjeuner royal préparé par notre cuisinière avec du café laotien en guise de carburant, puis direction le chantier pour bétonner les colonnes jusqu’à la grande pause de midi. Comme travailler en pleine chaleur est mission impossible, on met ces deux heures à profit pour améliorer notre logement, jouer au soccer avec les enfants du village ou tenter de faire une sieste. Ensuite, c’est le retour au travail jusqu’à 18h, suivi de la douche et du souper. La soirée se termine souvent par un peu de soccer avec les enfants, ou par des expéditions improvisées dans les dépanneurs du coin où on finit toujours par acheter tout et n’importe quoi.

Côtés travailleurs, on a vite compris qu’on avait affaire à des machines de guerre, au point de leur donner des surnoms. Il y a Mario (Khun), le plombier version chantier à la moustache parfaite et au casque rouge. Ensuite, nous avons Army Guy (M. Lee), petit mais ultra musclé, toujours avec sa veste militaire. Puis, il y a Hulk (Sin), sûrement le Laotien le plus grand jamais croisé, calme et maître absolu de la bétonnière. C’est le pro du béton ! Pour finir, nous avons Nam, le petit monsieur du chantier, fils de l’assistant du contremaître (Kon) et notre partenaire de soccer préféré.
Malheureusement, une partie de l’équipe est tombée malade, mais Jeanne s’est improvisée infirmière pendant que Justine forçait tout le monde à boire l’équivalent d’un océan d’eau par jour, minimum, afin de nous garder en vie.

On emballe et on déballe !
Lundi, nous avons passé la journée à coffrer des colonnes. « Méchant » Lucas a fait son apparition quand il a dû annoncer aux travailleurs que les coffrages préparés d’avance n’avaient pas les bonnes dimensions. Rien de dramatique, mais une petite correction qui nous a fait perdre un peu plus de temps que prévu.
Mardi et mercredi, les vraies pluies laotiennes ont fait leur apparition et nous ont forcé l’arrêt du chantier pendant plusieurs heures. Nous avons donc essayé de profiter de ces « vacances forcées » pour accumuler quelques victoires. Justine et Jeanne, avec l’aide de Louis, ont finalement construit des supports à hamac, qui flottent à seulement cinq centimètres du sol (en étant généreux), mais qui remplissent parfaitement leur fonction ! De l’autre côté, Lucas, Julien et Louis ont construit une salle de sport digne des plus grands. Justine et Amine se sont aussi transformé·es en véritables coachs sportif·ves et ont tenté d’entraîner Jeanne et Julien dans leur séance de course.



Jeudi, place au creusage d’un trou qui permettra de brûler et d’enfouir nos déchets. Comme il n’y a pas de collecte de déchets à Don Phoung, la plupart des habitant·es se débarrassent de leurs ordures en les jetant dans le Mékong. Nous avons donc voulu mettre en place une solution temporaire, plus adéquate. Cependant, après plusieurs heures de travail acharné, surprise, nous avions atteint la nappe phréatique. Résultat : il a fallu creuser un deuxième trou, le bon cette fois, non sans passer six heures dans ce qui ressemblait fortement à une ancienne poubelle, odeur comprise. Pendant ce temps, la plupart des travailleurs ont effectué les derniers ajustements afin d’axer et d’aligner les coffrages.

Je bétonne, tu bétonnes, il bétonne, nous bétonnons !
Vendredi, nous avons donc enfin pu couler les colonnes après les corrections apportées. La journée a été exigeante, mais productive, car nous avons réussi à terminer les 44 colonnes de l’école. Une fois de plus, Sin, Louis et Julien formaient le trio du bétonnage. Les gars enchaînaient les petites brouettes, pas très confortables pour leurs longues jambes, mais toujours avec détermination malgré leur poids impressionnant. Sin, de son côté, s’occupait du remplissage et aidait à transporter les sacs de ciment qui semblaient peser une tonne.

La fin de semaine a été marquée par les funérailles d’un proche du chef du village. Nous étions honoré·es d’y être invité·es, même si nous n’étions pas très à l’aise au début… surtout quand Julien a marché bien droit dans une énorme flaque de boue. Tout le monde autour l’a vu et a bien ri. Discrétion ratée. Les funérailles au Laos sont très différentes de celles au Québec. Elles durent généralement de cinq à sept jours, avec des prières des moines, des jeux de cartes ainsi que des moments de fête et de partage. La cérémonie s’est terminée par une marche en forêt derrière le cercueil, suivie par tout le village. Arrivé·es au cœur de la forêt, les hommes et les femmes se sont séparé·es… sauf Jeanne et Justine, qui n’avaient
visiblement pas reçu l’information, déclenchant quelques sourires complices des villageoises. Pour couronner le tout, de gigantesques feux d’artifice ont illuminé le ciel avant la crémation du cercueil. Ce fut une expérience intense, marquante et inoubliable.
Début de semaine : chantier et calculs
Jeanne a eu la mission de concevoir la fosse septique pendant que Lucas s’attaquait aux calculs de structure pour les charpentes et qu’Amine faisait plusieurs calculs de quantités de matériaux pour prévoir les prochaines commandes. Pendant ce temps, Louis, Justine et Julien aidaient les travailleurs à décoffrer les colonnes. La soirée s’est terminée sur une note plus ludique. Julien tentait tant bien que mal de former son équipe de flag football avec les enfants. Justine, toujours motivée, leur apprenait la danse du Cotton Eye Joe et Jeanne donnait des cours de guitare… sur un instrument réduit à trois cordes. Une belle fin de journée, façon service de garde improvisé !

Mercredi : escapade administrative à Vientiane
Lucas et Justine ont quitté le village pour Vientiane afin de renouveler les visas. Réveil difficile à 3h30 pour arriver dès l’ouverture aux bureaux de l’immigration. Après avoir déposé les passeports (et savouré un café bien mérité), il et elle ont rejoint l’architecte pour discuter de plusieurs ajustements : approuver des changements sur les murs, les fenêtres et la charpente. Celle-ci, initialement prévue en béton et en bois, sera remplacée par
des fermes en acier pour une meilleure résistance. Après cet échange fructueux, quelques achats ont été faits avant de récupérer les passeports et de reprendre la route pour un nouveau trajet de 4 h 30 vers Don Phoung.

Jeudi, comme toujours, on a creusé des trous ! Cette fois, il s’agissait des tranchées pour les murs de fondation sous les longrines. Pelles et pioches en main, l’équipe s’est attaquée au travail… sous l’œil vigilant de la pluie, qui a rendu le chantier impraticable le lendemain.
Avancée des fondations
Samedi matin, nous avons terminé la pose de briques pour les murs de fondations. Louis, Julien et Justine ont passé une partie de l’après-midi à effectuer des tâches administratives, alors que Lucas, Amine et Jeanne ont commencé le ferraillage des longrines avec les travailleurs. Le lendemain, tout le monde s’est mis sur la pose d’armature. L’ambiance était bonne ; on sentait que c’était notre dernier jour de travail avant notre journée de congé, un peu comme un vendredi après-midi.

Journée de vacances !
Lundi étant notre deuxième journée de congé officielle du mois, toute l’équipe a décidé de partir dimanche soir pour Vang Vieng. Nous en avons profité pour visiter des « lagoons » et une grotte magnifique. C’était un joli mélange d’aventure et de détente avant de reprendre le chantier.



Le retour vers Don Phoung a été… comment dire… plutôt rock and roll. Nous avons passé cinq heures sur des chemins où les « nids de poule » ressemblaient plutôt à des crevasses, tout en essayant de survivre contre le mal des transports. Vers la fin du trajet, alors qu’il ne restait plus que 30 minutes, notre taxi est resté bloqué dans un immense gouffre.
On a tout essayé : pousser le véhicule, mettre de la corde et des branches sous les roues et, encore une fois, pousser le véhicule. Après 45 minutes d’échec, il a fallu abandonner et attendre qu’un travailleur vienne nous chercher, ainsi que notre orgueil…
Morale de l’histoire : rester coincé·e dans la neige au Québec, ce n’est pas si grave… mais ici, un peu de boue, et c’est la catastrophe ! Après cette aventure on ne peut plus se permettre de critiquer les routes du Québec. Vous nous excuserez donc si nous avons publié ce blogue avec une journée de retard.
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